• Depuis l'âge de 13 ans…

    SalouvaDepuis l’âge de treize ans jusqu’à l’âge de vingt-trois ans, j’ai vécu à Mayotte. C’est une petite île qui se trouve dans l’Océan indien, une île française. Il y fait chaud, autour de 36° et, tout autour, la mer. On y voit des palmiers, des cocotiers, des bananiers. Et beaucoup de touristes pour profiter de l’océan.

    À Mayotte, on parle le maoré, on écoute de la musique et on danse le m’gocho : c’est-à-dire qu’on bouge les fesses en rythme. À Mayotte on s’habille en salouva. Soit deux ou trois châles cousus ensemble qui forment cet habit typique des îles. Il y a là-bas beaucoup d’associations qui s’occupent de l’organisation de mariages. Par exemple, si une jeune fille se marie pour la première fois, on prépare les enfoues, ce sont des fleurs de jasmin avec lesquelles on fait un collier et un sur-tête pour la mariée. Et puis on prépare aussi les hennés. Pendant ce temps les autres se mettent à faire à manger pour les invités. Plus tard on dansera le m’biwi, le tari et le chigoma, des danses traditionnelles.

    J’aimais bien être à Mayotte car j’y avais ma famille. Je connaissais beaucoup de gens, je m’étais fait beaucoup d’amis. C’est aussi là-bas que j’ai rencontré mon mari, Samir, qui est le père de mes enfants. Je l’ai rencontré dans mon quartier, un après-midi vers 17 h, il était grand, avec les yeux marron et la peau brune. Souriant, il m’a demandé mon adresse, il voulait passer voir ma mère et lui parler… Plus tard, après notre mariage, c’est un ami français, ouvrier dans le bâtiment, qui l’a fait venir en France, à Lille, où il travaillait. Samir a obtenu un CDI. Pour ma part, ce n’est qu’après trois ans de solitude que j’ai pu le rejoindre. Pendant trois années j’ai vécu seule avec mon fils, heureusement il y avait ma famille, surtout ma grande sœur qui m’a aidé à garder le petit quand j’allais gagner ma vie. J’ai travaillé jour et nuit dans un restaurant, c’était en fait aussi pour essayer d’oublier que j’étais toute seule. Après le travail, je n’étais pas pressée de revenir à la maison où surtout la tristesse m’attendait. Je n’avais plus de mari, alors je regardais sur mon téléphone portable pour voir s’il y avait un sms ou un appel venant de France. Ce n’était pas si facile de vivre sans amour, mon mari me manquait beaucoup, à moi et à mon fils également. Jusqu’au jour où Samir m’annonce qu’il va revenir à Mayotte. C’était au mois de novembre 2010, j’étais fier de son retour. Mais, finalement, il a changé d’avis, et il a demandé qu’on vienne le rejoindre en France.

    Sitti

     


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  • Commentaires

    1
    christine
    Dimanche 14 Décembre 2014 à 22:25

    Un bon tableau de Mayotte ;  que de sensibilité dans l'évocation de la séparation...

     

    Bravo, 

     

    Christine

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    2
    bh
    Lundi 9 Mars 2015 à 13:55

    "Quand tu ne sais plus où tu vas,  arrête-toi et regarde derrière toi" proverbe sénégalais. Mayotte, terre et racines d'enfance.  narration précise et  faite avec tact.



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